A la fuite du Spleen

C’est bientôt l’hiver, les feuilles mortes tapissent le sol, le ciel est chargé d’un gris foncé virant au noir.

Le vent souffle, il balaie mon âme. Un sentiment de désolation me traverse.

Enlisé dans l’ombre du jour. Je traverse tel un fantôme, cette période de l’année crépusculaire.

Nous sommes en Novembre.

Les rubriques nécrologiques ne désemplissent pas. Les morts se ramassent à la pelle.

Le froid me saisit et me glace le sang. La nuit se réjouit et gagne du temps. L’empire de l’obscurité étend son territoire à perte de vue.

La vie se fait plus pénible : mes pas plus lourds, mon souffle plus court, le bruit plus sourd.

La pesanteur de mon être se ressent. Un mal être contagieux se propage.

Rien avoir avec la gastro saisonnière, c’est le Spleen. Pire aujourd’hui, qu’hier.

Une sorte de diarrhée morale.

Un état de déprime généralisé. Une mélancolie chronique poussée à son point le plus critique.

Sorte de trou noir aspirant l’individu dans ses pensées les plus sombres. Le plongeant dans les profondeurs des limbes. Une chute sans fin dans le pays des ombres.

Machine infernale qui broie nos âmes. Transformant nos sourires en larmes.

Rien n’est limpide. Tout est teinté d’obscurité. Le passé devient trouble, le présent flou et le futur… Quel futur ?

Je n’en ai cure ! Tout cela m’assassine.

L’ennui mêlé à l’angoisse étreint mon cœur, le temps qui passe me tue à petit feu.

Celui de la cheminée est déjà consumé. Je suis frigorifié !

Mes rêves, mes espoirs disparaissent dans un panache de fumée.

Mon esprit est une prison au plafond pourri et aux murs délabrés. La mort peut-elle m’en libérer ?

Victime des ténèbres je suis en proie aux pires desseins. Mais, d’un coup, je vois l’espoir dans ce noir essaim.

Jetant un œil vitreux par la fenêtre, je me demande si je perds la tête.

Est-ce un mirage ? J’aperçois des corbeaux fendre ces noirs nuages.

Ils volent vers d’autres cieux, vers des terres bénies des dieux ?

Cette migration est le symbole de l’évasion. De la victoire de l’instinct sur la raison.

Ses hordes d’oiseaux filants sous le signe du V me donne l’envie de vivre et de me relever.

C’est peut-être ça, le remède à mon Spleen.

Fuir cet environnement anxiogène qui me mine.

Faire comme l’oiseau.

Ça vie d’air pur un oiseau. Mais jamais rien ne l’empêche d’aller plus haut.