Faire caca au bureau : c’est une putain d’aventure !
Le meilleur spot pour aller déposer mes petits bronzés à la piscine, c’est sans conteste mon home sweet home. Confort, temps, magazine, tablette, désodorisant, les conditions idéales pour faire décoller sereinement et sans turbulence, mon précieux boeing situé au bout du bout de la piste… Un petit coup de gaz et ça décolle !
Néanmoins, nous ne sommes pas toujours maître de nos intestins et il arrive que notre horloge biologique sonne à des heures indues. Lorsque nous sommes au boulot notamment, les enjeux changent et cette routine anodine devient rapidement un problème. En effet, en dehors de la sphère strictement privée, les matières fécales nous emmerdent.
Et pourtant toutes et tous sans distinction de sexe, de couleur ou encore de religion, nous passons environ 3 ans de notre vie aux toilettes avec près de 2500 passages par an à raison de 6 à 8 fois par jour dont au moins une à deux fois au bureau si vous êtes aux 35 heures.
2 solutions s’offrent à nous : se retenir, souffrir le martyr, assumer les maux de ventre et frôler l’occlusion intestinale ou faire comme 81% des salariés qui défèquent au bureau, nous soulager au boulot à la vue et au su de tous.
Eh oui ! Faire ses besoins au travail reste un tabou au 21 ème siècle malgré son caractère naturel et universel. Le CEO chie, le DAF aussi comme la petite hipster de la compta tout autant voire plus que le connard de commercial, toi aussi lecteur, tu chies !
Tout ce petit monde est un producteur compulsif d’étrons de toute taille et de toute forme. Nous déversons chaque jour des tonnes de merde qui pourraient nous ensevelir si nous n’avions pas nos très chers, hygiéniques et aseptisés toilettes.
Alors pourquoi en faire des caisses pour un des actes les plus essentiels de la vie ?
Pourquoi en faire un putain de mélodrame ? Pourquoi celui qui va se purger de ses péchés culinaires est encore désigné par ses pairs de gros porc, de vieux dégueulasse sans respect ni honneur ? Pourquoi chier au travail reste une honte ? Bon nombre de salariés sont obligés de mentir, d’user de nombreux subterfuges pour vider la boîte à chocolat en toute discrétion.
Quand tu te diriges vers les toilettes, tu as l’impression d’emprunter le couloir de la mort, tout le monde semble le savoir et te jette un regard désapprobateur. Tu baisses la tête et tu essaies de ne croiser personne et si on te demande, tu iras à la photocopieuse, voir un collègue d’un autre service, te balader, te dégourdir les jambes alors qu’il n’y a pas de honte à se dégourdir le colon.
D’autres vont jusqu’à pousser la crotte plus loin, ils changent d’étage pour protéger leur anonymat et pourrir un service qu’ils détestent ou encore usent des toilettes pour les personnes handicapées. Allez aux toilettes est devenu un long chemin de croix pavé de sombres intentions….
Tu entreras dans les WC tel un ninja, tu prendras le soin de retenir la porte d’entrée pour qu’elle ne claque pas (ne pas éveiller les soupçons), tu feras le tour du propriétaire pour vérifier que tu es le seul et pour t’assurer que quelques détonations ne troubleront pas la sérénité des lieux. Une rafale de kanalchikov ou de AKK 47 (plus connue sous le nom de mitraillette anale) pourrait avoir des conséquences effroyables dans le milieu professionnel.
Tu choisiras ta cabine, la moins odorante de préférence car chose drôle, seule la merde des autres nous incommode, la notre est supportée sans mal.
Lorsque tu jetteras un œil furtif sur le bassin d’eau claire, tu seras dégoûté comme à l’accoutumé … Un bâtard, un collègue, un fils de p***, peut-être ton DG aura vidangé son intestin sans faire l’économie de tirer la chasse. Il aura simplement raturé cette jolie faïence immaculée ou pire encore, il aura laissé flotter des cadavres mazoutés en cours de décomposition…
Pose toi la question gros enculé, est-ce que ça te viendrait à l’idée de laisser une telle scène de crime chez toi…?
Putain d’impunité, l’anonymat des toilettes publiques, laisse place à l’expression la plus sombre de l’humanité.
Essayons d’effacer de notre tête, ces images d’horreurs. Tu tireras la chasse et nettoieras au peigne fin enfin à la brosse à chiottes, les traces du crime d’un de tes pairs avec minutie pour enfin satisfaire à ton besoin impérieux. Car si tu y vas, c’est par obligation mais aussi par plaisir…
Tu essaieras de nettoyer la lunette des toilettes avec du PQ car le simple fait de savoir que tout le monde a posé son gros cul à cet endroit t’angoisse. Et si j’attrapais la tourista, une gastro, un furoncle ou même une sorte d’érythème fessier…
Une fois les préliminaires passés, quelle délivrance ! Une sorte de bien-être coupable s’empare de toi en même temps que se dégage ce petit fumet qui te chatouille les narines. Cette sensation est parfois grisante…
Tu seras à la recherche d’un démoulage de cake parfait car il te garantira une économie de temps et l’assurance de garder ton caleçon/slip/tanga voire string impeccable.
Mais tu garderas un œil sur ta montre. Une absence trop longue et tu te ferais griller à tous les coups. Une absence supérieure à 5 minutes est rédhibitoire selon les professionnelles.
Au delà de 5 minutes, c’est la grosse commission – Selon Ginette dame pipi dans une très célèbre gare parisienne
Tu t’assureras de ne rien laisser derrière toi, traces de pneus ou encore portable. Tu te dirigeras vers le lavabo avec la sensation du devoir accompli.
Tu te sécheras les mains avec une rigueur quasi militaire. Sache-le, des mains humides, ça trahit toujours !
Chaque jour, c’est la même chose, ce rituel se répète inlassablement…
L’aventure des gogues, c’est un vrai gag de nos sociétés contemporaines.